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Le Four ne meurt jamais Episode 13


La 1ère semaine de confinement passait encore, quand on y repensait avec nostalgie pendant la 2ème.

C'était presque sympa pour certains au départ, et puis on s'était finalement assez vite lassé de l'inédit de la situation.

En moyenne, les nouvelles organisations familiales avaient duré 10 jours, et on avait été obligé chez certains de se dire que les vacances de Printemps commenceraient quelques jour à l'avance cette année...


Mira recevait des appels de parents qui culpabilisaient de ne pas réussir à suivre les grandes recommandations de l'éducation nationale sur la continuité pédagogique. L'Ecole soucieuse de trop bien faire inondait les gosses de devoirs, qui renvoyaient à leurs parents, prêts à jour le jeu au départ, qu'ils étaient loin, finalement de faire l'affaire, et venait casser les motivations déjà fragiles, de certains anciens cancres, devenus par le confinement, bien malgré eux des professeurs.

Mira, essayait de les rassurer, valorisant leurs efforts, dédramatisant leurs difficultés, recentrant sur l'importance de conserver une ambiance positive à la maison pendant ce que nous étions entrain de vivre. Et certains prenaient leur premier cours de la pédagogie du détour, qu'ils pratiquaient tous sans y mettre le mot dessus. Après le confinement, on se rendrait compte rapidement que la préparation de recettes avait été un support éducatif de taille pendant la crise, à la vue des kilos accumulés par les gosses des uns et des autres. Et bien des années plus tard, on soulignerait aussi la capacité des jeunes garçons de cette génération à enfin, savoir faire la cuisine.


Si Mme Menrissa, qui depuis le début du confinement était ravie de vivre des moments privilégiés avec ses enfants et notamment sa fille Hana, commençait à remarquer des choses qui lui posaient des questions.

Hana, était constamment accrochée à son téléphone. Et Mme Menrissa doutait des explications qu'elle lui donnait. Elle avait surpris une conversation une nuit, alors qu'elle s'était relevée pour aller boire un verre d'eau dans la cuisine, et avait cru entendre sa fille appeler quelqu'un mon cœur...C'était la fin de la nuit de Mme Menrissa, qui s'était interrogée du coup jusqu'au matin, ouvrant d'un coup les yeux sur sa petite fille, qui venait de faire 16 ans.


Chez Nono, les gosses à sa sœur, commençaient à rentrer dans sa chambre et ça commençait vraiment à l'énerver. Il l'avait vu plutôt d'un bon œil le mariage de sa sœur à l'époque, avec un mec en place du quartier voisin. Puis il avait commencé à entendre des trucs sur lui de mecs qui passaient leurs nuits en after et ça lui plaisait pas. Mais voilà, son beau frère c'était pas n importe qui. Et Nono, avait du prendre sur lui. Et puis un jour sa sœur était arrivée avec ses gosses et ses valises sous le bras en bas de chez leurs parents, 15 kg en moins des mois d'humiliation qu'elle venait de passer. Retour à la case départ. Nono avait les nerfs de l'avoir vu comme ça, et avait entendu une conversation un jour entre elle et leur mère dans la cuisine, ou il avait appris qu'elle savait et subissait et n'avait rien dit depuis des mois. Nono ça lui avait mis les nerfs, ce soir là, mais heureusement dehors, sur sa route avait croisé Hamza, qui avaient senti que quelque chose n'allait pas, et grâce à Dieu, et qu'il fallait mettre les pieds dans le plat. Il était comme ça Hamza, avançait dans la vie en mode alerte, et depuis le jour ou était décédé sa tante, s'était promis de ne pas se dérober, quand il sentait que quelque chose n'allait pas.

Nono, entendre sa sœur pleurer encore pour ce bâtard la nuit parfois, ça lui en rajouté des couches, et puis les petits rentraient dans sa chambre et ça lui cassait vraiment les couilles.

Et cerise sur le gâteau, sa mère le soûlait tous les jours, l'accusant de mettre en danger tout le monde à la maison avec ses sorties, et ses allers-retours.


Les journaux télévisés commençaient à atteindre leurs objectifs, la peur grimpait à vitesse grand V à la Tess, grâces aux informations en boucle, nous martelant les morts que le virus faisaient tous les jours, et nos incertitudes qui au fur et à mesure grandissaient.

En plus, des rumeurs de contamination et de décès commençaient à se répandre dans le coin, fausses pour la plupart, mais auraient quand même leurs petits effets...

Comme chez Nono, dans les apparts, des bagarres commenceraient à se mener entre daronnes soucieuses du corona et mari et fils habitués à passer leur temps dehors.

Chez Didi Vamos, sa femme Kenza avait fait preuve d'ingéniosité. Saoulée que son mari sorte tous les jours pour acheter le pain, avait décidée un soir de lui faire croire que la boulangère l'avait attrapée. Dès le lendemain, ce serait donc du pain maison tous les jours, et une victoire pour Kenza, qui portait aussi une charlotte sur la tête quand elle sortait au balcon.

Ce virus, ça questionnait vraiment les responsabilités qu'on pouvait avoir les uns envers les autres, certains malades pouvant être asymptomatiques et diffuser sans le savoir la mort à tous ceux dont ils croisaient la route.

Quand ça revenait de dehors, certaines comme Aïcha la femme du grand Bilel, attendaient à la porte avec un sac poubelle, et obligeaient presque à ce que tu te déshabille entièrement sur le pallier avant de rentrer.

Si elles avaient pu, elles auraient passé maris et fistons dans la machine, et on avait même vu sur les réseaux certaines passer leurs légumes au lave vaisselle.

Les solutions se devaient d'être radicales face à cette mort invisible, qui se baladait sans trop que l'on sache et qu'on comprenne comment, puisque les informations qui sortaient changées tous les jours. Et c'est durant cette deuxième semaine de confinement que les daronnes verraient leurs mains commencé à être attaqués par la javel.


La peur montait aussi en puissance chez Hich en cette deuxième semaine de confinement, mais ça n'avait pas grand chose à voir avec le virus.


Dehors le climat était tendu, avec la peur de l'amende, dès qu'une patrouille passait dans le quartier. Quand elle se rapprochait d'un endroit il y avait un peu de Monde, tu voyais tout le monde s'en aller, chacun de son côté, l'air de rien, comme si ils ne faisaient que passer. Hamza s'était tapé un fou rire quand il avait vu Mr Ahmed un mignon petit chibani du 3eme se carapater comme si c'était un grossiste un après-midi ou les flics se baladaient à pieds dans le quartier.

Déjà qu'ici la Police avait quand même parfois tendance à voir tout le monde comme délinquant potentiel...Alors là...

Il y avait des patrouilles d'enfoirés, qui arrosaient d'amendes et on l'apprendrait plus tard, parfois malgré les attestations, et puis il y en avait d'autres qui était davantage dans le dialogue, la prévention, et qui n'avaient même pas manché certains qu'ils avaient croisé sans attestations.

Le petit Bilel comptabilisait déjà 9 amendes depuis le début, lui pour le coup il avait pas était chanceux, mais en même temps avec tous ces allers-retours, sur le poste, il prenait de sacrés risques.

Tout ça venait rajouter de la tension et Hamza avait imaginé un système d'information et de prévention au mégaphone en tournant à la cité sur un quad pour faire respecter le confinement. Il aurait bien vu les gens de la mairie là-dessus, eux qui depuis le début du confinement avaient carrément disparu.


Au balcon à 20h, on applaudissait, ou taper des casseroles encore, et cette semaine là encore plus fort, le soutien des soignants ayant été élargi à tous ceux qui travaillaient dans l'ombre en première ligne.

Tous ces gens qui faisaient ces métiers que tout le monde dévalorisés constamment, ceux qu'on payé au lance pierre, qu'on calculait jamais...C'étaient eux sur le terrain, tous les jours, à partir potentiellement à la mort, pour assurer le maintien minimal de la nation.

Hamza s'était demandé, si nos héros d'aujourd'hui, resteraient après tout ça les héros de demain ou bien si nous Humains, dans notre grande gratitude habituelle, finirions par l'oublier ?


Hamza avait du hausser le ton avec tata Rabla cette semaine là. Quand il avait appris par Noham à travers la porte toujours fermée, que sa maman comatait depuis plus d'un jour, et que ça faisait 3 repas de bols de céréales au compteur.

Il avait fait un tour, s'était chargé en courses, qu'il avait ramené chez Rabla en fin d'après-midi. Il avait tambouriné à la porte comme un dingue en l'insultant pendant 15 minutes avant qu'elle finisse par se lever et lui ouvrir.

Elle était dans un sale état, et Hamza l'a embrouillée dans sa chambre avant de faire à manger aux petits.

Quand il est parti ce soir là, elle avait la consigne de remettre les clés sur la porte, pour qu'au moins les petits puissent lui ouvrir quand il passerait. Rabla, avait besoin de cette hagra, et même si sur le moment elle en avait un peu voulu à Hamza, les larmes lui étaient monté dans son lit, quand elle avait entendu son fils lui dire merci avant de partir.


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