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  • Bens

Le Four ne meurt jamais episode 7

Dernière mise à jour : 31 mars 2020



Quand Hamza voulait avoir quelques infos, il avait son petit BFM local, chez Dédé, le buraliste de la cité. 40 ans que le mec tenait le tabac, 6 jours sur 7 avec Colette, sa femme qui parfois venait l'épauler, et Tintin son berger Allemand, pas très commode. Dédé vivait pas à la Tess, le plus souvent d'ailleurs il la dénigrait, sans omettre d'en mettre plein la tête à ses gens, et oubliant souvent que c'était eux,qui lui avaient payé le toit qu'il avait sur la tête, et aussi ses vacances en bungalow,qu'ils prenaient au camping de Port Barcares tous les mois d’août. Tous les jours entre 11h et 12h , Dédé débrieffait toute l'actu du quotidien local, au regard des échanges qu'il avait eu avec son beau-frère, salarié à la préfecture. C'était sa référence, et Dédé aimait se la péter avec les informations qu'il avait directement de la part du fonctionnaire. C'était aussi la carte qu'il érigeait quand t'avais le malheur de mordre avec ta voiture sur la place qui lui était réservé devant le tabac. Mais on était beaucoup à toujours attendre les ennuis que Dédé nous avait promis. Pour t'entendre avec Dédé t'avais pas le choix, fallait s'embrouiller au moins une fois avec lui. Lui montrer que tu te ferais pas marcher dessus, sortir les crocs à Tintin deux minutes, et Dédé après ça devenait ton meilleur ami, et t'avais le droit à un briquet offert quand tu lui remplissais les poches. Hamza avait eu droit à son briquet ce matin là, et il a profité de l'occasion pour gratter quelques infos sur le confinement dont tout le monde parlait depuis quelques jours maintenant. " - Il y a un grand dispositif qui se prépare. Regarde même moi je me prépare. Dédé avait embauché Rachid, un mec qui savait tout faire dans le secteur, qui lui préparait une vitre en plexiglas qu'il poserait devant son comptoir pour s'éviter un coronavirus. - Ah ouai tu rigole pas Dédé. Mais pourquoi tu fermes pas si t'as peur ? - Pff.Moi j'ai peur de rien. Les miens ont connu la guerre. C'est rien ça. Mais les gens ils ne respectent rien ici. T'as vu comment ils crachent partout les autres ? Les gosses ils viennent, ils touchent les bonbons, ils demandent pas, ils croient qu'ils sont chez eux. Un virus chez les virus." Dédé, avait le taillage facile, mais savait comment le faire et devant qui se lâcher. Dédé il était toujours un peu limite, il était comme ça Dédé, et depuis le temps, faisait parti des murs et ne choquait plus personne. " - Dédé, je me demandais, en vrai il va se passer quoi si il y a un confinement ? C'est quoi ça ? Ça va se passer comment ? - Il vont l'annoncer ce soir petit, tu vas voir. Mon beau-frère, à la préfecture, il me l'a dit. Vous ne pourrez pas sortir. Tout le monde à la maison. Il n'y a que les gens qui travaillent, comme moi qui auront le droit d'aller et venir. Ahahaha tu vas regretter de pas travailler petit. - Et quoi mais comment ça on pourra pas sortir ? Comment tu fais pour manger et tout ça ? - Pour sortir faire des courses t'auras le droit. On m'a dit qu'il y aurait des autorisations pour circuler. - Ah beh c'est bon, on ira faire des courses.Ya tchi. - Aahahah c'est ce que tu crois gamin ! Il va y avoir la police, et l'armée, et surement un couvre feux, ils vont pas plaisanter avec les petits voyous." Et Dédé, ne croyait pas si bien dire. Hamza a abandonné Dédé quand il a commencé à s'embrouiller avec Rachid dans le tabac à cause de la taille de la vitre en plexi, qu'il avait découpée trop courte, et laissait les postillons arriver sans problèmes jusqu'au crane dégarni du buraliste. Si les cafés étaient fermés, Salim le vendeur de thé ambulant lui, s'était déjà paré pour le coronavirus, proposant ses boissons à emporter masqué et ganté et désinfectant chaque élément de son stand qu'un passant avait le malheur de toucher. Les garçons se poseraient donc sur la place cet après midi là, sirotant un petit thé, dont certains ne sentaient même plus la menthe, le nez et la gorge pris par des effluves de gel hydroalcoolique que leur avait versé leurs femmes ou leurs mères sur les mains avant de sortir. Cet après-midi là, ça a parlé confinement. On sentait un peu d'angoisse chez le grand Bilel, qui allait potentiellement être confiné avec sa femme Aicha. Il l'avait ramené du bled, quand à ses 27 ans il avait pris le coup de pression du mec qui voulait rendre fier son père et a mère, et avait sauté le pas. C'était une perle sa femme Aicha. Le problème c'était Bilel, qui lui en était loin. Lui qui aimait courir les chichas, les boites,, les femmes et les chambres d’hôtels...et les gars le chambrait toujours sur les capotes et la blanche qui lui restaient dans les poches avant de le jeter à la maison en fin le ramenant d'after. Il était pas très sérieux le Grand Bilel, et il était allé trouver la femme la plus droite du village de ses parents, pour l'enfermer dans une tour de la cité, ou elle passerait seule tous ses weekends. Bilel était pas fier de ça, et pas fier non plus, de cacher qui il était vraiment, à une femme qui elle pourtant, lui donnait tout. Nono, rester à la maison, lui aussi ça l'inquiétait. Il la fuyait déjà. Son père, lui avait pas décroché un mot depuis sa 1ère affaire, c'était il y a 2 maintenant... Amine, un autre des gars du coin, avait déjà mal à la tête, à l'idée de penser aux heures qu'il allait passer enfermer dans l'appartement très familial depuis que sa sœur, séparée de son mari, était revenue chez ses parents avec ses deux jumeaux, qu'on diagnostiquerait plus tard hyper-actifs de 3 ans. Ils se sont accordés à dire qu'ici, le confinement ça allait être chaud. Et ils se sont bien marrés, à imaginer les prochains faits divers que la tess, inscrirait dans le journal. Les flics ont fait plusieurs attaques au four. Et Hamza a compris que dans les prochains jours, ça risquait de chauffer au pour le poste. Jack et Hich sont arrivés dans la soirée pour s'organiser. Macron l'avait annoncé à 20h, demain midi la France serait confinée. Personne ne se doutait à ce moment là, que l'un d'entre eux aurait bientôt sa place dans les faits divers, et ferait la une, sur la vitrine du tabac à Dédé. Dédé, qui n'oubliait jamais de surfer sur les vagues pour son business, proposerait dès le lendemain des photocopies d'attestation vierges à 50 centimes.Il ferait à terme, un très bon billet, avec ce nouveau produit sur lequel l'Etat ne lui prendrait pour une fois, pas un euro. Hamza, irait imprimer les attestations le lendemain matin,chargé d'en approvisionner le four, et partirait de chez Dédé avec plusieurs briquets. Ben's

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