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  • Bens

La République c'est nous.


20 Octobre 2018. TGI de Paris Porte de Clichy. Il doit être à peu près 14h15 lorsque je rentre dans la Chambre 213 du Tribunal de Grande Instance de Paris. Progressant dans la salle pour y prendre place, je comprends que le Défenseur des droits transmet ses observations. Je vois ces 3 jeunes hommes, assis là. Beaux, droits et fiers. Je pense, Inquiets aussi. Ces trois gamins majeurs à peine, là face à l'État. Face à lui, pour ce jour où ils étaient juste des ados revenant d'une sortie scolaire, où ils se sont fait contrôler au faciès. Discriminés. Mais pas que. Pour tous ces autres jours où ça a été le cas. Pour leurs jours, mais pas que les leurs. Ils portent là sur leurs épaules de 18 piges à peine, la plainte, les souffrances de tant d'autres. Aujourd'hui, là dans cette salle d'audience, ils, portent, incarnent, sont, le combat de tant d'autres. Aujourd'hui, en élève modèle de l'école de la République, ils se saisissent de leur citoyenneté. Assumant leurs devoirs, et s'insurgeant pour l'effectivité et la protection de leurs droits. Aujourd'hui, dans ce tribunal, ils sont la voix des valeurs de notre République, et se tiennent la pour demander des comptes. Le Défenseur des droits finit d'exposer ses avis. L'avocat des garçons prend la parole. Il fait un exposé clair, précis, magnifiquement argumenté, Un truc fort, qui a de la gueule. Il en aurait eu jusqu'à demain des choses à dire, ça se voit, ça se sent. On le sait. Car derrière ces 3 jeunes rappelez-vous, il y en a tant d'autres.. L'incipit est incisif, il rappelle à tous l'article 1er de notre Constitution . Il le rappelle : le caractère non discriminant doit être prouvé comme le prescrit la Loi. Il prouve, démontre, la violence d'un contrôle au faciès. Ce que représente la banalisation de ces pratiques dans les rues de notre République. Il dénonce mais n'accuse pas l'humain. C'est le procès d'un système qui se tien là devant moi. Celui qui renforce les dissonances et les préjugés, Celui qui stigmatise, Celui qui laisse s'installer cet espace de climat gerbant d'intolérance et de racisme dans tous les coins, Celui qui laisse s'installer des pratiques delictueuse dans les corps de sa police, et ne fait rien pour l'accompagner dans le réapprentissages des valeurs humanistes qu'elle est censée défendre.

Une partie de la plaidoirie interpelle sur la mauvaise foi de l'autre partie ou de ses agents. On a l'habitude, c'est récurrent quand on ose demander des comptes à ces "grands" là. On peut l'affirmer parce qu'on a que trop d'exemples hin.

La plaidoirie de l'avocat se termine. Quel sera le message qu'on renverra à ces 3 là le 17 Décembre? À ces 3 là et à tous les autres après eux? Qu'est ce qu'on leur dira de leur République? De leurs droits? Qu'est ce qu'on leur dira de leur si juste combat? Qu'est ce qu'on leur dira de ce Monde là? Il a des sanglots dans la voix. Je vois qu'il y croit. La Force de ses mots résonnent dans le tribunal. Aujourd'hui,face à l'État, la partie civile, en fait, c'est notre République. L'État se défend. Il minimise. Remet en cause les victimes et les témoins. Tente de réorienter les responsabilités, en jetant en pâture ses agents. Pour caricaturer (mais vraiment à peine), l'État ne sait pas ce qu'il fait là. Il se positionne presque comme invité dans cette salle d'audience où la République l'interpelle sur ses responsabilités. C'est presque insultant. Je commence à m'agacer sur mon banc au fond de la salle. Parfois on dirait que je me moque presque, mais en fait c est de la sidération. J'ai une boule au ventre, et je sens ma gorge commencer à se serrer. C'est au tour du Procureur de la République de prendre la parole. Le garant de la Loi comme il ne manque pas de nous le rappeler. Désenchantement quand il prend la parole pour nous dire de manière caricaturale ou presque pas tant que ça : Je suis la Loi. Et pour moi ya R. Pour la première fois j'entends le garant de la réparation aux victimes, Ne presque pas les regarder , Même pas Les entendre, Ne même pas les reconnaître. Les larmes me montent. Ce n'est pas la tristesse. C'est de la colère.


Le délibéré aura lieu le 17 Décembre.

Quel qu'en soit l'issue, Ilyes, Mamadou et Zakaria ont apporté une pierre de plus à ce combat et pour ça ils peuvent être fiers. Changer le Monde, et surtout notre France ça prend du temps, c'est un combat permanent,éreintant..

Mais je les ai regardés là livrer bataille Et je peux vous dire que ya de l'espoir pour le Monde qui se construit pour demain.

On en est là.

Merci les garçons.

La République c est nous.




Bens.

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