Dans leurs souvenirs d'enfants, c'était un jour de Printemps.
Les rayons d'un doux soleil de fin d'après-midi, illuminaient leurs visages d'anges.
Ils avaient joué au foot tous ensemble cet après-midi là.
Jouer tous ensemble au parc en bas ils aimaient bien ça.
Comme tous les soirs, après l'école il leur avait dit "à demain",
mais cette fois là, il était pas venu.
Ni les autres jours qui ont suivi d'ailleurs.
Ils ont aperçu son père pourtant, plusieurs fois devant l'Ecole,
il était fatigué, il avait l'air un peu perdu.
Ils ont vu, aussi le visage des adultes, se fermer...
Ils les ont entendu sur le banc tout à l'heure, chuchoter.
Dans leurs esprits d'enfants sans vraiment qu'on leur explique,
sans vraiment qu'on leur dise,
ils ont accepté que les adultes taisent les choses,
qu'en fait, ils ne savaient même pas comment leur dire.
Les jours, les semaines, les mois ont passés.
Ils ont grandit.
Les jeux c'est plus les mêmes à la sortie du collège.
Ça surfe, ça sonne et ça pianote,
sur de petits écrans ça part à la recherche du Monde...
Et dans ce Monde des monstres venaient d'y balancer des films,
qu'on recommandait à personne et surtout pas à leurs petites âmes sensibles.
Mais, ce soir là dans le quartier ils ont été plusieurs à appuyer sur play,
et ça s'est répandu comme une traînée de poudre...
Leur message était clair,
comme l'enfer est bouillant.
La tension montait d'un cran.
Leurs regards noirs, comme celui du diable et pourtant,
eux, avait reconnu l'enfant, le camarade, le copain..
C'était celui qui leur avait dit à demain, et n'était jamais revenu,
que les monstres avaient fait appuyer sur la gâchette.
Le choc est brutal dans les têtes
quand la morale est mise à mal.
Il y avait le besoin de voir pour y croire,
et puis voir c'était aussi donner aux monstres
la possibilité de nous atteindre...
De nous éteindre..
Et c'était ce qu'ils voulaient,
quand ils avaient mis l'arme dans la main de l'enfant...
Attendre patiemment, qu'ils l'empêchent de circuler,
quand les gamins ont dit à leurs parents "maman, c'était lui, je l'ai vu" et qu'ils l'ont signalé.
Ce soir là dans le quartier,
ça a priait tellement,
qu'on arrivait presque à les entendre.
A l'Ecole le lendemain,
l'ambiance était lourde.
Les grands ont pris les petits pour parler,
ou se taire, se poser des questions.
C'était pas comme d'habitude,
il y avait personne qui avait tord ou raison.
On avait le droit de tout demander, de tout penser, de tout dire..
En réponse parfois, il y avait quelque chose,
des fois rien, parfois juste un sourire. Un soir,
les grands ont parlé tous ensemble,
et eux aussi pour une fois se posaient des tas de questions,
auxquelles ils n'avaient pas les réponses.
Accepter que parfois on en a aucune.
Ils se questionnaient sur une mère, qui avait choisi pour lui à sa place.
Ils se demandaient comment on peut le faire,
comment on peut briser les rêves,
et promettre à son enfant l'enfer sur Terre.
Avoir le soir bien du mal à trouver le sommeil,
confronté au cauchemar,
la larme à l’œil,
de ne pas savoir quoi dire
et de trop savoir que l'on ne peut rien y faire...
Avoir peur, de pleurer, de ne pas trouver ses mots,
de pas savoir comment dire.
Avoir peur, pleurer, bafouiller se faire aider peut être,
mais quand même dire.
Les jours qui ont suivi,
il y a eu beaucoup d'agitation,
on a vu des vautours venir tourner autour.
Eux cherchaient à faire des unes,
pendant qu'ici on pansait les plaies ouvertes de la mort...
Alors on les a fait tourner en bourrique.
Les petits, les grands, ceux de l'école, du quartier,
on les a chassé tous ensemble.
Les petits, les grands, ceux de l'école, du quartier,
on s'est soudé tous ensemble.
Et on a fait ce qu'on avait à faire tous ensemble,
lutter contre la peur et la mort, en vivant.
Reprendre vie, reprendre nos vies,
juste continuer tous ensemble,
surement tous un peu différents d'avant.
On a priait pour toi,
qui un jour avait dit à demain et n'était jamais revenu.
Toi à qui les monstres avaient volé l’innocence.
On a rêvait que tu rentres,
que tu retombe sur tes pas,
que tu retrouves un jour auprès de nous ta place...
On s'est dit qu'on ferait tout, tout,
tout ce qu'on pourrait pour toi quand tu serais là...
C'était tout ce qu'on pouvait faire,
et ça nous a aidé à vivre...
Et puis un jour, les unes des journaux ont annoncé,
que tu ne rentrerais jamais.
A celui qui leur avait dit à demain et qu'ils ne reverront jamais.
A ceux qui comme lui, ne rentreront pas.
Pour que ceux qui le peuvent, rentrent.
Ben's.
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