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Bens


Hamza s'était assoupi depuis quelques heures sur le canapé du « dar », quand son petit bigo a sonné. " Dispo vers midi ?" Morgane, étudiante en droit de bonne famille, une de ses clientes les plus fidèles, devait sortir un peu à sec de sa soirée. C'était souvent le dimanche qu'elle lui donnait rendez-vous. Soit chez elle, soit quand Hamza pouvait pas se déplacer, sur un banc au petit parc derrière le bloc 31, et ça faisait quelques années maintenant. Souvent elle portait de grosses lunettes qui lui cachaient les grands yeux bleue qu'elle avait défoncés depuis la veille. C'était une belle fille Morgane,avec de longs cheveux blonds... Maline en plus! Elle préparait le barreau la semaine et s'éclatée beaucoup trop le weekend. Hamza l'aimait bien, et si il avait osé, aurait bien tenté quelque chose, mais il fallait pas tout mélanger. Il était comme ça Hamza, et puis Morgane et lui, n'étaient pas du même Monde. Morgane était devenue avec le temps la conseillère juridique de Hamza, et par son biais, celui d'un peu toute la cité. Quand il avait des questions à poser, il savait ou la trouver, et quoi lui ramener pour la remercier. Avec les années qu'il avait passé sur le poste, elle comme d'autres, étaient devenus ses clients à lui, ses habitués, et depuis que les grands prenaient n importe quel petit pour tenir le four, Hamza avait voulu préserver de tout désagrément, ses clients les plus fidèles. Puisque l'argent n'attend pas, Hamza s'est levé, direction chez Tata Rabla pour se rafraîchir. Il y avait bien une salle de bain au "dar", mais avec le nombre de grimlins qui y passaient par an, un pied dans la salle de bain et le risque d'attraper le corona ou n importe quoi d'autre était multiplié par 1000. Quand il va chez Tata Raba,Hamza à sa manière de taper à la porte pour qu'ils le reconnaissent, et c'est à deux, que Medhi et Noham sont venus lui ouvrir, visiblement heureux de le trouver là. Il leur a sorti de quoi pendre un bon petit déjeuner, et les a installé devant la TV avant d'aller à la salle de bain , et de se recharger en matos dans le sellier, avant une journée qui s’annonçait productive. Dans le bigo de Hamza, un sms reçu hier, de Christophe l'anthoropologue. " - Anthropo quoi? - Ahahah Anthropologue. - C'est quoi ça ? " Avait demandé Hamza qui entendait ce mot pour la 1ere fois, un début de soirée de printemps, sur une coursive à la tess. " -J'étudie l'humain. L'être humain, les êtres humains, leur culture, ses croyances, ses rites, ses manières de vivre et de s'organiser en fonction de tout ça. - Mais tu fais quoi en fait ? - Et bien je voyage, je cherche, je m'immerge dans des mondes, je les observe, je les analyse, je les écris... -Ahahah viens t'immerger chez nous, il y en a qui ont besoin qu'on les analyse... " C'était le début d'une conversation, qui avec les années en avaient amenées beaucoup d'autres, et notamment à chaque fois que Christophe rentrait de voyage. Hamza et lui se posait quelque part, et discutaient un long moment, de ce qu'il avait vu, et appris ailleurs, et Hamza s'en nourrissait, lui qui justement n'avait jamais trop mis les pieds ailleurs... Et ils comparaient les tribus incas d’Amérique latine de Christophe à la tribu de Hamza à la tess, et ça donnait de sacrés moments, que ces deux-là, aimaient bien. Christophe avait invité Hamza à une soirée chez lui un jour, mais il y était pas allé. Il l'aimait bien Christophe, mais il mélangeait pas Hamza, il était comme ça. Ses clients, c'étaient un peu son ouverture sur le Monde à Hamza. L'occasion pour lui d'en découvrir d'autres à travers eux. Il aurait pas trop le temps de discuter aujourd'hui Hamza.Ne donnerait que des rendez-vous rapides, parce que son programme était chargé. Mais pour le moment, Hamza buvait un café, et fumait une clope à la fenêtre, en discutant un peu avec Mehdi et Noham, qu'il quitterait 15 minutes plus tard, en leur disant de faire attention à eux. Le bigo de Hamza a chauffé tout l'après-midi. Partout circulait l'information d'un confinement dans les prochains jours. Ça paraissait flou, et les images de Italiens enfermés chez eux depuis 10 jours déjà, Hamza était vite fait dessus, sur les réseaux. Il s'était pas encore trop posé la question de ce que ça allait signifié, mais ce qui paraissait certain ce dimanche, c'est que Hamza n'allait pas chômer. Il fallait savoir autre chose sur les clients privilégiés de Hamza. Quelque chose que personne ne sait. Hamza, c'était le dealer attitré de la gente féminine fumeuse et tapeuse de la cité. Mais c'était un secret bien gardé, et Hamza avait fini par avoir à cœur de garder la maîtrise, dans le dos de tous, des approvisionnements des petites de chez eux. C'était le meilleur moyen pour éviter des problèmes à tout le monde. Comme ça pas besoin qu'elles aillent gratter ailleurs. Ça préservait les filles de chez nous d'histoires honteuses avec des mecs d'ailleurs, et du coup préserveraient d'embrouilles éventuelles leurs frères, maris, cousins, que connaissaient bien Hamza. Hamza au fil du temps s'était presque convaincu de remplir une mission d'intérêt général et avait fini par comprendre, que tant que cela ne se savait pas, finalement ça ne dérangeait personne, et que c'était souvent ça, pour de nombreuses choses à la tess. Et grâce à cela, il était aussi numéro un sur tout ce qui se disait ou plutôt ne se disait pas à part à toi « si tu jure wallah que tu dis rien », à la tess. Morgane était toute flippée derrière ses lunettes sur le banc au parc, angoissée par ces histoires de corona. Elle a posé tout plein de questions sur ce qu'il allait faire à Hamza si on annoncé le confinement. Hamza l'aurait bien pris dans ses ses bras pour la rassurer, mais il avait pas le temps, on était au milieu de la tess, et puis fallait pas tout mélanger. Christophe, a littéralement pété les plombs, quand Hamza lui a raconté vite fait comment en une semaine tout le monde avait fini par porter un masque à la cité. Fasciné par cette nouvelle expérience à venir, il est parti tout sourire, un 100 gramme de verte dans son sac à dos. Entre 2/3 question d'organisation à gérer ce dimanche après-midi sur le four, Hamza a fait son tour de rendez-vous des filles, qui l'attendaient planquée chacune sur leurs coursives. Comme d'habitude il avait fait ça discret, avait taper la causette vite fait, et été reparti, quelques pochons en moins dans les poches, que certaines en échange, lui avaient rempli de ragots. Hamza a rassuré tout le monde sur sa disponibilité les prochaines semaines, les assurant de sa fidélité au poste.

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