top of page
Bens

Même si on avait pas attendu le corona ici pour traîner avec des virus, celui là demanderait à tous quelques ajustements dans leur quotidien, à commencer par Hamza, qui cette semaine ne chômerait toujours pas au poste, alors qu'à côté de lui le Monde, était entrain de s'arrêter.

Dehors, se côtoyaient soucieux obligeaient de sortir, et moins soucieux, ayant trouvé une bonne raison pour le faire. Et ça pouvait parfois poser problème. C'était comme ça que Kenza, la femme à Didi le gérant du food truck, avait croisé Craps, ( vous savez le tox du quartier) qui en avait vraiment rien à battre du confinement, en bas de son bâtiment, alors que la mère de famille rentrait chez elle, une charlotte sur la tête pour pas ramener de coronavirus à la maison. Craps ça l'avait fait marrer de la voir avec sa charlotte, alors il avait décidé de la chicaner, et comme Craps savait pas s'arrêter, lui avait postillonné exprès à la figure. Kenza, pas du genre à se laisser faire, s'apprêter à lui faire avaler la charlotte quand Hamza était intervenu. Hamza ce jour de confinement là, avait évité un premier faits divers à la Tess.

Dehors, les plus informés,circulaient avec une attestation imprimée de chez Dédé , et les plus précarisés, des prières dans la poche, pour ne pas croiser les forces de l'ordre. Alors qu'avant on ne voyait d'habitude que les jeunes, raser les murs, pistés la DGSI ou la BST, là c'était presque tous les gens de la cité que tu pouvais apercevoir longer, tapis dans l'ombre les murs des barres de la Tess, sans se coller biensur, on avait Coronavirus. Certains jours pendant le confinement, pour les forces de l'ordre, passer l'aprem à la Cité ce serait comme passer l'aprem à Las Vegas. Outre le fait (très secondaire hin) que tout le monde ici ne savait pas forcément lire, ou écrire, ou n'avait pas les moyens d'avoir un ordinateur, ou d'aller sur internet, de chercher au bon endroit, et encore moins d'imprimer l'attestation ; on pouvait aussi présenter certains signes de flemme pour recopier mot à mot, les nombreuses lignes nécessaires, pour descendre 5 minutes chercher le pain.

Faites le calcul, mettre 20 minutes pour descendre 5 minutes ? Et 20 minutes c'était quand on s'apercevait pas presque à la fin qu'on avait sauter toute une ligne et qu'il fallait tout recommencer. Et pour la 3ème fois pour les plus doués d'entre nous. On découvrirait plus tard que pour certains, presque morts d'ennuis pendant le confinement, que ce moment de rédaction était devenu une bouée de sauvetage de leur journée. Identifié comme élément ayant retenu leur suicide, cet argument serait présenté dans le rapport de synthèse du gouvernement face à la crise, et retenu comme argument efficace en faveur de la capacité de la France à générer des outils en direction de sa population en temps de crise. On se passera de tout autre commentaire pour le moment, mais on aura l'occasion d'y revenir.

Ce début de confinement, changeait complètement les organisations à la Tess.

Chez Mme Menrissa, l'ancienne voisine d'Hamza, on voyait des choses qu'on avait jamais vu. Tous les garçons de la maison se battaient pour sortir les poubelles, elle avait pas eu à crier après Islem le petit dernier par rapport aux devoirs pour le moment, et Hanna sa seule fille, qui trainait beaucoup trop dehors pour Mme Menrissa, été bloquée pour son plus grand plaisir à la maison. Et secrètement elle demanderait au ciel le soir, de nous préserver de la maladie, mais de garder le confinement le plus longtemps possible .

Lina et Souria, les sœurettes, avaient prévu une organisation de choc pour gérer les 6 gosses de Lina .Chaque jour un roulement aux postes ménages des chambres, de la cuisine, de la salle de bain et du salon. Lina avait pas réussi à négocier les chiottes, c'étaient ses gosses après tout. Et puis aussi, les devoirs et des activités pour occuper l'après-midi et aussi un roulement pour les sorties. Souria, avait sauté sur l'occasion d'être chargée entre autres des courses de la maison, et finirait par s'enfuir régulièrement.

Nono postait régulièrement des photos sur son snap avec ecrit « en fugue », le confinement avec sa mère, son père, son frère et en plus sa sœur et ses jumeaux, il voulait même pas le tenter. Alors il se faisait embrouiller par sa mère quand il se levait entre 12h et 15h et rentrait tard, pour ne pas prendre une autre couche. Dehors on va pas se mentir, c'était un peu la féraille. Mais c'était moins la féraille que de croiser le regard de sa mère, qu'il avait tant déçu, sur lui.

Il y avait ceux qui le vivaient bien, comme Hich Hich, qui avait compris qu'il lui suffisait de faire quelques modifications à sa semaine. Et il avait commencé dès le dimanche soir avant le confinement. D'habitude il le faisait pas le dimanche, mais là, la veille il avait pas pu sortir, donc avait du trouver un moyen de compenser, c'est normal. S'excuserait le lendemain.

Et puis ceux qui l'envisageait mal... Comme le grand Bilel qui essayait comme il pouvait de minimiser les temps de présence avec sa femme, mais ne pouvait plus non plus justifier toutes ses sorties. Et entre la gestion du four et les écoutes qu'il devait avoir sur le dos, il avait deux fois plus de raisons que les autres de raser les murs. Ça devenait complexe de cacher à Aicha qu'il faisait pas la prière, n'avait pas vraiment d'entreprise de location de caisses, n'allait plus au foot le mardi le jeudi et le dimanche depuis plus dix ans...Entre autres choses bien plus graves bien sur qui ne collaient pas vraiment avec la vie que méritait Aicha, qui elle était une perle, dévouée à son mari,et qui ne lui demandait jamais rien...Ce qui menait à de grands moments gênants de silence du couple sur le canapé. Heureusement qu'il avait le poste à gérer Bilel, ça lui faisait une raison de s'enfuir, et d'abréger toutes les choses qui lui venaient dans la tête.

Et puis il y avait Jack, qui comme pouvait pas être au café posé avec son journal comme tous les jours,s'était regardé dans la glace et s'était dit, qu'il était hors de question qu'il ait davantage de temps pour ça...Et il avait commencé à penser au ravitaillement du four, qui allait bientôt rencontrer quelques emmerdes.

En passant en bas du bâtiment,Hamza s'est dit qu'il était pas au bout de ses surprises quand il a aperçu Faiza la cagoulée gantée, comme il l'appelle amicalement, remonter ses courses dans une poche à l'aide d'une corde depuis son appartement du 6eme. Il en a profité pour jeter un œil à la fenêtre fermée de chez Rabla, pensant apercevoir Medhi ou Nono, qu'il avait pas vu de la journée, quand son petit bigo a sonné.

Jack, l'attendait en voiture pas loin du bloc, pour faire un point sur la journée du four. En ce moment ça carburait bien, mais aurait pu carburer mieux si ils ne se prenaient pas plus de 5 attaques des forces de l'ordre par jour. Jack, proche de ses sous, face à la situation avait décidé d'agir, et le coffre plein de mortiers et de feux d'artifices, avait donné une nouvelle mission à Hamza.


Ben's

bottom of page