top of page
Bens


Il était pas né entre ces Tours,

lui l'enfant venu de l'île lointaine,

que la France un jour avait sienne.

Arrivé là car la daronne voulait l'éloigner de la misère?

il allait en connaître une autre,

débarqué là, au milieu du ter-ter.

Les sacrifices de la daronne,

on les comprend pas à tous les âges, c'était pas sa faute.

Et comme il se sentait loin d'elle,

il était allé chercher d'autres yeux dans lesquels il pourrait briller..

Fatalité ou coup du sort,

il avait trouvé en bas, les yeux de mecs, que la haine et la coke éclairées déjà...

Le mentor qui l'avait pris sous son aile,

avait trouvé du potentiel au petit rageux...

La flamme d'une haine qu'il connaissait bien dans les yeux.

Qui avait besoin de qui finalement ?

Le grand qui peut empêcher l'enfant de le prendre de haut

ou l'enfant qui voulait qu'on le remette à sa place ?

Se disant, qu'un jour il pourrait en faire quelque chose,

( et ça, ça changeait beaucoup de choses )

dans la Rue il avait fini par adopter l'enfant.

Il lui a fait des cadeaux,

lui a fait goûter à toutes sortes de choses,

il l'a pris sur le quad l'autre jour, l'a fait tourner, tourner, tourner...

Il l'a régalé, en lui laissant le volant et la monnaie.

Petit à petit il lui a apprit le code, le langage des loups,

et comment ils ne dansent pas...

Il lui a mis des maux sales dans la bouche,

d'autres qu'il comprenait pas dans les oreilles.

Et le petit qui voulait se protéger du Monde,

a fait ce qu'il avait appris à faire,

il a commençait à imiter les loups...

Il a parlé comme un loup.

Dans la rue, devant les grands avec ses potes.

Dans la cours de l'Ecole et en classe devant la maîtresse.

Au centre de loisirs avec l'animateur,

à la maison, l'autre soir avec sa grande sœur.

Les larmes qui lui coulaient malgré lui sur le visage, quand on le lui rappelait...

Il a voulu se défendre comme un loup.

Les yeux noirs de rage, les points serrés,

l'autre jour au city stade tête à tête avec son pote, il l'a fait saigné.

Quand ça se passait, la difficulté qu'il avait d'en parler.

Les reproches qu'on lui faisait,

quand dans la rue, les loups, eux, l'applaudissaient pour ça.

Tout ce dont on voulait l'éloigner,

toutes les autres choses par lesquelles, on le savait, il aurait pu briller...

Là où les loups voulaient l'emmener.

La rage en lui, qu'il avait du mal à contenir.

L'air fier et les épaules hautes entre les Tours,

qui lui en jouaient tous les jours.

Il était du genre de petit dont les autres disaient,

que c'était foutu d'avance.

Mais nous on voulait pas se l'entendre dire,

se refusant d'abandonner l'enfant aux loups...

On avait pas de formule.

On tentait des choses, qui marchaient

et puis d'autres, et ça le faisait pas...

Parce qu'il y a toujours quelque chose à faire,

quelque chose à tenter,

nous on voulait pas se résigner, à l'appeler Zépé.

Il y a les voix qu'on nous ouvre,

et les chemins qu'on prend soi.

Et puis ici il y avait tout, tout ce qui,

nous entourait entre les Tours...

Les loups et les rêves qu'ils lui proposaient,

le sang dans son block,

et la perspective d'un autre Monde,

qui dans nos bouches résonnait d'espoirs,

mais qu'ici on avait bien du mal à apercevoir...

Lui répéter qu'il était de ces voies,

dans lesquelles tu n'as rien a gagner...

Son mentor avait fini par en faire les frais,

et l'enfant confronté au mal,et à la mort,

orphelin de sa Rue, à même pas 12 ans...

Il avançait de trois pas,

les fusils parlaient entre les tours,

et il reculait d'autant.

Et les fusils y parlaient souvent.

Nous refusant à ce qu'on l'inscrive dans une case,

qui l'empêcherait de se saisir de son propre destin.

Rêvant de la bonne chose,du bon moment,

de la bonne rencontre au bon endroit au bon moment,

car il suffit souvent...

Le Monde autour , faisant mine de ne pas le comprendre.

Les signalements, les jugements..

Les fautes qu'ils savaient donner,

et la mère qui fait tout ce qu'elle peut,

à qui on renvoie qu'elle ne sait pas faire.

L'enfant qui a du mal à comprendre

ou qui, quand il comprend,

ne sait pas comment faire autrement.

L’École qui le lâche,

et les loups tapis dans l'ombre..

Ce qu'on pourra rattraper...

Ce qui demain, se jouera...

Les pièges dans lesquels il tombera,

car la vie est ainsi faite,

les choses dont on ne pourra le protéger,

les plumes qu'il y laissera,

puisque c'est comme ça qu'elle s'apprend.

Des opportunités qu'on lui donnera,

et de la dureté de la route à faire.

Du chemin qu'il aura à choisir,

sans avoir les mêmes moyens que les autres pour le faire.

Certains le jugeront, c'est sur,

et on rêverait un jour de les voir à sa place.

A avoir à choisir son chemin, perdu entre les Tours et ses enfers...

Certains le voulaient,

nous c'était mort,

on s'y résoudrait jamais,

on voulait pas l'appeler Zépé.


Ben's

bottom of page