top of page
Bens


Il a commencé à tiquer quand il a croisé Fatoumata sur le parking. Ils étaient voisins avant. Avant que les parents d'Hamza déménagent de la Cité. Ils ont un peu grandi ensemble,et pendant longtemps il a traîné avec son petit frère, Abdelkarim. Mais il est au shtar, depuis plus d'un an maintenant. Une histoire pour laquelle, Hamza aussi aurait pu tomber, mais Abdelkarim c'est le genre de mec à pas balancer.

Un soir d'été alors que c'était encore des minos, Hamza était venu passer la nuit chez eux. Ce soir là, posés devant la playstation, l'histoire de grands qui s'étaient balancés et qui fesait grand bruits au quartier, les avait mené à quelques questionnement philosophiques, et la création d'un nouveau jeu : " Tu poucav ou tu poucav pas. "


" - T'as vu Craps ( un toxico du quartier que tout le monde connait bien) voler le shit des grands ? Tu poucave ou tu poucave pas Abdelka? - Je poucave pas. - Tu croise la sœur de Gros ( un grand et gros) entrain de fumer ? - Je poucave pas -Tu croise la meuf de mon frère avec un autre gars ? - Je poucave pas - T'as vu comment t'es Abdelka?! - Je poucave pas moi. C'est pas mes histoires, je me mêle pas. Chez moi on m'a toujours dit ça. Je vais faire quoi je vais venir te le dire, tu vas le dire à ton frère, il va y aller, il va la tuer. A cause de qui d'une poucave: moi. On poucave pas. - Alors je bute quelqu'un là devant toi, tu poucave pas ? -Hamza, je poucave pas et wallah que, encore moins si c'est toi ! " Ils étaient minos à l'époque, mais Abdelkarim, sur plein de points, c'était le même depuis longtemps, et malheureusement à cette heure, ça lui coûtait quelques mois de prison.

Hamza avait vite repéré la voiture de Fatou arriver en trombe à la Cité. On la reconnaît, avec son son de crapule dans l’habitacle. Elle est comme ça Fatoumata, tout le monde l'a connait. Hamza voulait la faire flipper en arrivant derrière elle pendant qu'elle déchargeait la voiture, mais quand elle s'est retournée c'est lui qui a sauté en l'air. Fatoumata gantées et masquées devant lui, prête à en découdre et l'air fière, comme elle l'a toujours Fatoumata, elle est comme ça. " - Oh Fatou tu sors d'un braquo ? tu fais quoi wesh ? - Oh mais tu crois qu'on rigole ou quoi, le coronavirus il m'aura pas à moi ! Ma collègue elle est infirmière elle me la dit, on est pas prêt. Faut s'équiper frère, là c'est chaud... Mais toi j'imagine que t'es sur ta planète, là haut dans ton nuage de fumée avec lequel tu te pètes la tête ? A penser oseille, poste...la "Street ma gueule". - Allez ça va je rigole avec toi ma sœur, viens je t'aide." Et il l'a raccompagné, mais il est pas rentré chez eux comme il en a l'habitude. Sur le pas de la porte , il lui a dit de passer le salam à la maison et aussi à son frère, qu'elle lui dise de l'appeler, parce que ça fait un petit moment qu'ils se sont pas donné de nouvelles, et que le temps passe vite... Elle lui a refilé un paquet de gants et un masque et lui a dit de prendre soin de lui, avant de fermer la porte de chez elle. En prenant l’ascenseur pour redescendre, Hamza a pensé à toutes les fois ou il a entendu Fatoumata prendre ce genre de ton là. Comme un jour, avant que son frère rentre, quand elle l'avait chopé au poste alors qu'il était pas rentré et avait pas donné de nouvelles depuis une semaine... Ou la fois ou elle était tombé sur Bruno un des condés de la Bac de nuit du secteur, entrain de fouetter un des petits choufs dans le couloir. Fatou est toujours là, Bruno le condé, jamais on ne l'a revu...

Et puis Hamza est sorti de l’ascenseur, et il est retourné sur le Ter-ter. Les gants de Fatoumata en plus dans la sacoche.


Ben's

bottom of page